SECURITE JURIDIQUE ET VEFA : DEUX NOTAIRES JUGES POUR « COMPLICITE D'ESCROQUERIE »
Le journal « Le Parisien » nous apprend que l'ancien PDG de la société Investimmo comparaît depuis quelques jours devant le tribunal correctionnel de Paris pour « escroquerie, banqueroute, abus de biens sociaux, blanchiment d'argent ».
A ses côtés sont poursuivis deux notaires pour « complicité d'escroquerie ». Il leur est reproché de ne pas avoir vérifié les garanties associées aux ventes en l'état futur d'achèvement (VEFA) de 126 appartements situés à Meaux, Chauconin-Neufmontiers, Saint-Germain-sur-Morin et Vaujours (Seine-Saint-Denis), garanties légales qui auraient dû pallier à la défaillance du promoteur.
Investimmo n'a pas été en mesure de financer l'achèvement des appartements, et il est reproché au PDG de la société d'avoir utilisé une partie des prix de vente pour faire face à d'importantes dépenses personnelles.
Il est notamment reproché aux notaires de ne pas s'être assurés de la réalité des garanties d'achèvement imposées par la loi, et d'avoir fait signer des actes de vente en l'état futur d'achèvement alors même que le dirigeant de la société de promotion immobilière avait déjà été mis en examen !
Alors que le thème du congrès des notaires tenu à Strasbourg il y a quelques jours était précisément « La sécurité juridique », on doit déplorer, une nouvelle fois, que dans ce dossier de VEFA l'intervention obligatoire des notaires n'a pas apporté aux acheteurs la sécurité juridique et financière escomptée.
Chacun a conserve en memoire les dizaines de programmes immobiliers inacheves puisque construits sous le regime de la garantie intrinseque d achevement, ainsi que le monstrueux scandale Apollonia, a l origine d un prejudice estime a un milliard d euros, et les milliers d investisseurs spolies dans ces operations apres avoir, naivement, cru que l intervention obligee d un notaire les mettait a l abri de tout risque juridique et financier !
Comment, dans ces conditions, justifier plus longtemps le monopole exclusif des notaires sur l'immobilier, au préjudice des avocats ... et des clients qui n'y trouvent pas leur compte (concurrence inexistante d'où tarifs excessifs, qualité du service et sécurité juridique pour le moins aléatoires).
La transition de notre système juridique vers "la grande profession du droit", c'est-à-dire la fusion des deux professions, est inéluctable. La loi Macron en est le premier pas ... à la suite de l'acte d'avocat.
Reste aux gouvernements successifs - sous la pression persistante de la Commission européenne et des diverses instances internationales - à donner la cadence de cette (r)évolution.