LES EXPERTS-COMPTABLES TRES FAVORABLES A L'INTERPROFESSIONNALITE
Julien Tokarz, membre du Conseil régional de l'ordre des experts-comptables de Paris Ile-de-France, président du syndicat patronal ECF et commissaire général en charge de l'organisation du 70e congrès de l'ordre des experts-comptables, donne son point de vue dans "Affiches Parisiennes" du 30 septembre :
« Beaucoup de professions ne sont pas ouvertes à l'interprofessionnalité au niveau institutionnel. Il y a encore des querelles de chapelle. En revanche, dans la pratique, au quotidien, les experts-comptables travaillent avec les avocats. Nous savons très bien que tout le monde va être gagnant dans ce processus. Ce sont le marché et l'opérationnel qui ont toujours raison. Des jeunes avocats qui éprouvent des difficultés à trouver des flux d'affaires vont pouvoir s'associer avec des experts-comptables pour grandir plus rapidement ensemble. L'avocat apporte une compétence juridique que l'expert-comptable n'a pas. Tout le monde va être gagnant. Il est absurde, aujourd'hui, d'être contre l'interprofessionnalité, quel que soit le professionnel. Tout le monde est gagnant, le client aussi, trouvant en un seul lieu les moyens de régler à peu près toutes les problématiques, avec ce concept du service complet à l'entreprise.
(La loi Macron) nous a rassurés en partie. Nous allons à présent attendre les négociations sur les décrets d'application. Il va falloir que nos ordres nationaux commencent à discuter entre eux pour régler un certain nombre de problématiques comme le secret professionnel, l'inscription à l'ordre, sur la structure, sur les personnes physiques … Quand on va entrer dans les détails, ces négociations risquent de devenir problématiques. Au niveau de l'ordre des experts-comptables, nous allons tout mettre en œuvre pour que les décrets sortent le plus vite possible et qu'on puisse enfin créer des sociétés interprofessionnelles. J'espère que les autres professions vont être dans le même état d'esprit. Techniquement, je ne vois pas de points rédhibitoires dans ces négociations. Beaucoup de pays l'ont déjà fait, il n'y a pas de raisons que la France n'y parvienne pas.
Dans le texte, plusieurs professions sont prises en compte, notamment les notaires, les huissiers et les conseillers en propriété intellectuelle. Il faudra donc négocier entre toutes les professions présentes dans le texte. Dans la pratique, chacun s'associera avec qui il veut. C'est une question de stratégie individuelle de chaque cabinet. Reste que les experts-comptables ont effectivement davantage de liens avec les avocats et avec les notaires. Ce sont les deux professions avec lesquelles nous travaillons le plus. »
Il est certain que pour les DN, notamment ceux intéressés par le droit de l'entreprise, l'association dans un cabinet d'experts-comptables existant est une excellente opportunité : elle permet d'apporter les services de l'authenticité pour les actes du droit de l'entreprise, le service complet dans l'immobilier et la publicité foncière, la stratégie patrimoniale des entrepreneurs, le règlement des successions, … .
C'est le moyen d'avoir immédiatement un volume de travail important, à partir de la clientèle existante du cabinet d'experts-comptables, et de grandir rapidement.
C'est assurément beaucoup plus efficace, et beaucoup plus rapide, que de créer une étude de notaire ex nihilo, sans clientèle et sans autre service que le notariat traditionnel … dont l'avenir n'est pas garanti.
L'association dans un cabinet d'experts-comptables existant constitue donc un débouché des plus intéressants pour les DN désireux de prendre des responsabilités que ne leur offrent pas les études de notaires traditionnelles, où ils sont actuellement employés à des tâches souvent répétitives et sans grand intérêt autre qu'alimentaire ... quand ils ne sont pas tout simplement promis au chômage par des employeurs vindicatifs (Notaires furibards, Sabrina, chantage à l'emploi, ...).
Dans le même temps, les "notaires 1816" adeptes de l'immobilisme, hostiles par principe à toute évolution de leur statut (numerus clausus, monopole sur l'immobilier, tarif obligatoire), sont appelés à voir leur activité traditionnelle se restreindre comme peau de chagrin. Ils sont réellement à la croisée des chemins.