« IL MANQUE (manquait !) UNE PAGE DANS L'HISTOIRE DU NOTARIAT ! »
C'est le titre d'un texte que j'avais écrit, puis oublié, et que je viens de retrouver, accidentellement, dans la publication « JUDAIQUES CULTURES » du 24 septembre 2008 :
« IL MANQUE UNE PAGE DANS L'HISTOIRE DU NOTARIAT !
Les notaires revendiquent, à juste titre, la présence séculaire de leur profession dans les affaires.
Des ouvrages parfaitement rédigés par des notaires, dans des termes flatteurs, relatent cette histoire officielle que les apprentis notaires sont priés d'assimiler.
Mais il manque à ces ouvrages vénérables une page essentielle : celle correspondant à la période 1940-1944, au cours de laquelle les membres de la communauté juive ont été persécutés et spoliés.
Au printemps 2004, année du 60ème anniversaire de la Libération de Paris, la chambre des notaires de Paris a organisé à l'Hôtel de Ville de Paris une exposition intitulée « Les Parisiens et leurs notaires ».
Cette exposition, très bien organisée, présentait de nombreux documents depuis les origines de cette profession jusqu'à nos jours. Toutefois, comme dans les livres d'histoire du notariat, les années 1940 à 1944 étaient totalement occultées : aucun document, aucun acte, aucune photo, aucun commentaire de cette période n'étaient offerts à la sagacité des visiteurs.
Ceci mérite une explication que, jusqu'à ce jour, les notaires se sont obstinément refusés à donner, alors qu'ils ne manquent pourtant pas d'archives, tant dans leurs études qu'aux Archives nationales, où les archives du CGQJ (Commissariat Général aux Questions Juives), soit 650 mètres linéaires de rayonnages, sont maintenant accessibles (bien que les sénateurs, sous la pression des notaires – selon la presse -, aient tenté il y a peu de les refermer!).
Voici un début d'explication à ce « trou noir » de l'histoire du notariat :
Bien évidement, le processus de spoliation des juifs était totalement illégal comme le Professeur René Cassin, éminent juriste et conseiller personnel du Général de Gaulle, l'a clairement analysé. Alors que les responsables de l'Etat français, soucieux de donner à cette spoliation une apparence de légalité, ont demandé aux notaires de donner l'onction de l'authenticité résultant de leur statut d'officiers publics à ce processus inqualifiable, en recevant tous les actes de mutation, non seulement pour les immeubles mais aussi pour les fonds de commerce et les parts et actions de sociétés. Les notaires, disciplinés, se sont naturellement prêtés à ce processus peu glorieux mais où ils ont néanmoins trouvé leur compte et évité des désagréments.
Nous attendons toujours que les notaires s'expliquent sur cette période douloureuse, et apportent à nos concitoyens les précisions indispensables.
Peut-on espérer que ces pages manquantes apparaissent bientôt dans les livres d'histoires du notariat ? »
Eh bien, ces pages ne manquent plus :
Ce ne sont évidemment pas les notaires mais bien Vincent Le Coq et Anne-Sophie Poiroux qui nous les livrent, brillamment, dans leur ouvrage de référence « LES NOTAIRES SOUS L'OCCUPATION (1940-1945) – ACTEURS DE LA SPOLIATION DES JUIFS ».
La lecture de cette somme remarquablement documentée est vivement recommandée à tous les notaires, leurs collaborateurs, leurs clients, et plus généralement à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de notre pays et de ses institutions.