Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 11:04

"UN NOTAIRE ASSASSIN"

C'est le titre d'un article de l'Est Républicain en date du 23 juillet écrit par le journaliste Marcel Gay, déjà auteur d'un ouvrage remarqué sur les dérives notariales.

Extraits :

"UN NOTAIRE ASSASSIN

Arnaud Thomas-Chevallier, ancien notaire de Longwy, a été condamné le 29 mars 1995 à dix-huit ans de réclusion pour le meurtre d'un confrère.

Le corps de Me Jean Flauder fut découvert par son fils, au bord d'une route, à la sortie du village de Muzeray, le 5 février 1980 vers 2 heures du matin. Le notaire de Cons-la-Grandville, en Meuse, a été abattu de six balles de revolver. La veille, vers 18 heures, une voix de femme dont il n'avait aucune raison de se méfier, lui avait donné rendez-vous pour un problème de partage dans une famille d'agriculteurs. C'était un guet-apens.

PAS DE PREUVES

Les enquêteurs suspectent un couple de gitans dont une parente est bénéficiaire d'un testament olographe d'une riche demoiselle de Longwy. Le testament est déposé à l'étude de Me Flauder. Mais les héritiers de sang contestent cette donation et engagent une procédure dans laquelle le notaire devait témoigner en leur faveur. Les intérêts en jeu sont très importants et les gitans ont déjà prélevé de grosses sommes d'argent sur la succession. Faute de preuves, l'information sera clôturée par un non-lieu le 18 mars 1985.

UN JUTEUX BUSINESS

L'affaire rebondit de façon inattendue le 7 décembre 1989. Ce jour-là, un autre notaire a quelques soucis avec la justice : c'est Me Arnaud Thomas-Chevallier, le notaire de Longwy. Fils d'un avoué réputé de Nancy, époux d'une procureur de la République, Thomas-Chevallier "se croyait intouchable" concède son avocate, Me Liliane Glock. Il incarnait à lui seul "la justice". Docteur en droit dès l'âge de 22 ans, maître de conférence à la fac de droit de Nancy, il connaissait toutes les intrigues du sérail. La justice n'étant pour lui qu'un juteux business, il s'affranchissait du droit autant que de la morale.

UNE GROSSE BOURDE

Les nombreuses malversations financières commises dans le cadre de son étude finirent quand même par déboucher sur une enquête de la PJ de Nancy. Les policiers découvrent alors des dizaines et des dizaines de détournements, de captations, de vols ... Au point que le juge de Briey ne peut faire autrement que d'inculper Thomas-Chevallier de faux en écritures publiques, abus de confiance et escroqueries.

Le 7 décembre 1989, après 48 heures d'une garde à vue éprouvante, le notaire va commettre la bourde de sa vie. Il demande aux policiers qui s'apprêtent à le conduire en cellule de pouvoir s'entretenir quelques instants, seul, avec une jeune femme qui l'attend dans le hall du palais de justice. Il lui demande de se rendre immédiatement à son étude et de récupérer, dans le coffre-fort, un sac d'écolier dans lequel se trouvent une arme ainsi que des testaments en blanc.

. Pourquoi ? Tu as tué quelqu'un, demande la jeune femme ?

. Oui.

. Qui ?

. Flauder.

. Quand ?

. En 1980 juste avant que ma tête n'éclate.

RUPTURE D'ANEVRISME

La jeune femme ne gardera pas ce secret pour elle. Le 9 décembre, une perquisition à l'étude notariale permet de retrouver un revolver Arminius HW3 de calibre 22 LR. Les expertises balistiques sont formelles : il y a "identité de striures" entre l'arme et deux des balles extraites du corps de la victime. Ce 9 décembre, le procureur de Verdun rouvre, en raison de charges nouvelles, l'information concernant le meurtre de Me Flauder.

Les policiers se souviennent que le lendemain du meurtre, Thomas-Chevallier est tombé malade : une rupture d'anévrisme consécutive, sans doute, à une forte émotion.

Pourquoi Thomas-Chevallier aurait-il tué Me Flauder ? Les enquêteurs ont émis plusieurs hypothèses. L'une les ramène au fameux testament olographe déjà évoqué. Une autre hypothèse concerne la rude concurrence entre les deux études. Aux assises de la Meuse, en mars 1995, le notaire ne donnera aucune explication. Il sera condamné à 18 ans de réclusion."

 

Merci encore à Marcel GAY pour son talent, et pour son courage.

En effet, à l'instant même où la corporation des notaires se trouve à la croisée des chemins (... et même au-delà), il n'est pas sans intérêt de rappeler cette affaire criminelle très symptomatique.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires