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"Emmanuel Macron, disrupteur du marché politique.
Par Emmanuel Combe
Si on lisait la politique avec les lunettes de l'économiste, on y verrait un marché sur lequel des offreurs - organisés en partis - proposent à une clientèle - les électeurs - un produit dénommé « programme », qu'ils peuvent acheter en insérant un bulletin de vote dans l'urne.
Sur ce marché, les offreurs tentent de se différencier les uns des autres par leurs propositions de réforme.
Le marché politique présente par ailleurs de fortes barrières à l'entrée, liées notamment à la notoriété : c'est un oligopole, au sein duquel quelques offreurs - le Parti socialiste, Les Républicains, le Front national - structurent le jeu concurrentiel autour de thématiques récurrentes comme la sécurité ou l'emploi.
Dit en d'autres termes, les grands partis installés procèdent par « innovation incrémentale », en améliorant le fonds de commerce de leurs idées. Jusqu'au jour où arrive sur le marché.... un disrupteur.
En économie, il porte le nom d'Uber, d'Airbnb, de BlaBlaCar ou d'EasyJet.
En politique, il pourrait bien s'appeler demain Emmanuel Macron.
Premier trait du disrupteur : les « insiders » ne le voient pas vraiment venir, trop occupés qu'ils sont à creuser leur propre sillon. Ils sous-estiment l'ampleur de la menace : « Ca ne peut pas marcher, sinon on y aurait pensé », se disent-ils. Ils le sous-estiment d'autant plus que le disrupteur entre par la petite porte, en adressant une niche délaissée.
Ainsi, easyJet a commencé par faire prendre l'avion à ceux qui ne le prenaient pas, avant d'élargir son périmètre à la clientèle business pour devenir aujourd'hui la première compagnie paneuropéenne. Emmanuel Macron a fait de même, en portant son premier message auprès des jeunes, cible délaissée par les grands partis car trop volatile.
Mais la jeunesse n'est pas seulement une catégorie statistique et peut rapidement devenir un thème mobilisateur : les adultes ont des enfants, petits-enfants, et se soucient de l'avenir de leur progéniture; plus encore, la jeunesse n'a pas vraiment d'âge : elle désigne plutôt un état d'esprit, fait d'optimisme, qui peut parler à tous.
Second trait du disrupteur : comme il part d'une page blanche, il peut penser librement et imaginer des innovations radicales.
Ainsi, l'une des clefs du succès des nouveaux « business models » est justement qu'ils n'ont ni passé ni héritage à gérer ; ils ont juste un avenir à s'inventer et peuvent donc être agiles, réactifs.
La force d'Emmanuel Macron aujourd'hui est de n'avoir pas d'affiliation à un parti politique, ce qui lui permet de penser hors du cadre et des appareils.
D'ailleurs, le disrupteur ne cherche jamais à franchir les barrières existantes; il les contourne, en creusant de nouveaux sillons.
Ainsi, Airbnb n'a jamais eu l'ambition de devenir une chaîne hôtelière : il a pris le problème autrement, en partant du constat que des logements déjà existants étaient temporairement inoccupés.
De même, Emmanuel Macron n'inscrit pas les débats dans les clivages habituels gauche/droite : il en sort pour mieux repositionner les sujets sur de nouveaux axes, tels que la valorisation de l'esprit d'entreprendre qui va bien au-delà d'un « thème de droite » sur la défense de l'entreprise, pour s'adresser à tous ceux qui ont envie de faire bouger les choses.
Dernier trait du disrupteur : s'il parvient à convaincre, sa croissance peut être aussi rapide que fulgurante. Réponse en 2017 pour Emmanuel Macron ?
Par Emmanuel Combe"
Merci Emmanuel pour cette brillante analyse.
A l'évidence, Emmanuel Macron est aussi le disrupteur du notariat et plus généralement des services juridiques dans la Vieille France.
Et il n'y a pas de retour possible à l'Ancien Régime. Même si Fillon, pur produit réactionnaire de la Vieille France Fille Aînée de l'Église, l'a promis aux "1816", ce ne sera qu'un gadget politique de plus, à ranger dans le placard des promesses électorales par définition sans suite.
Les disruptions ne connaissent pas la marche arrière.