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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 20:29
MACRON PRÉSIDENT ? : KENNEDY FRANCAIS OU GISCARD DE GAUCHE ?

Extraits d'un article de CHALLENGES du 2 février :

"Macron, ce Giscard de gauche que la France attend

Par Bruno Roger-Petit

Publié le 02-02-2016 à 13h09

En ce jour où Giscard fête ses 90 ans, comment ne pas noter que le parcours d'Emmanuel Macron ressemble à celui de son prédécesseur au ministère de l'Economie?

En ce jour où Giscard d’Estaing fête ses 90 ans, c’est Macron à la barre!

En 1974, Giscard prenait la pose à la Une du Time américain, le baromètre mondial de la modernité. "France new’s course" titrait le prestigieux magazine, saluant ainsi la brillante élection de Giscard à l’Elysée.

Modernité, oui, mais aussi renouveau.

En 2016, c’est Macron qui pose en Une du Times britannique, tout autant baromètre de l’époque que son homologue d’outre Atlantique. 

Avec ce titre: "France’s next président?".

Modernité et renouveau. Encore. A cette différence près que l'un venait d'être élu et que l'autre ne l'est pas encore. Et ne le sera peut être pas. Qui sait? Mais c’est ainsi.

Les magazines anglo-saxons ont été souvent les arbitres de l’élégance française en politique, comme s’ils voyaient ce que les journaux français, hantés par la néo-réaction décliniste ou le néo-gauchisme caviar, s’évertuaient à ne pas voir.

Donc, à quarante ans d’intervalle, deux visages mais un seul message à la Une des magazines, écho de leur époque: modernité et renouveau de la politique à la française.

Ces derniers temps, la rumeur prête à Macron une envie présidentielle. Dès 2017, si François Hollande venait à ne pas être candidat à sa succession. Ou plus tard, s’il le faut.

Tel Giscard sous Pompidou, Macron songerait à un dessein en forme de destin national, à l’affût de toutes les opportunités. Il s’y préparerait, au cas où. Cultivant les uns. S’attachant les autres. Tissant sa toile sur la sphère politico-médiatique.

Un Kennedy français...

Notons les ironies de l’histoire. Comme Giscard, Macron donne le sentiment de dynamiser le ministère de l’Economie, temple du conformisme et de l’immobilisme national.

Comme Giscard, Macron s’épanouit sous un président venu de Corrèze. Comme Giscard, Macron est le ministre de l’Economie d’un Premier ministre qui rêvait lui-même d’une nouvelle société mais se heurte aux réalités du réel à Matignon, au risque de fracasser son ambition. Comme Giscard, Macron incarne la modernité en politique alors qu’il est tout autant que lui un pur produit de la méritocratie énarchique. Comme Giscard, Macron est un faux Colbert et un vrai Guizot.

L'Etat, ce n'est pas que lui, et la finance n'est pas nécessairement son ennemie.

Comme Giscard, Macron paraît être un accélérateur de l’histoire. Il faut en effet se souvenir de ce que fut Giscard d’Estaing en son temps. Un Kennedy français qui se présentait comme tel. Le premier des politiques contemporains à maitriser les techniques modernes de la communication politique, recourant à la transgression de la sacralisation pour mieux gagner en proximité.

Giscard jouant de l’accordéon sous l’œil enamouré de Danièle Gilbert, la grande Duduche de l’ORTF. Giscard jouant au football contre les commerçants de Chamalières, dévoilant son torse nu. Giscard pédagogue à la télévision, mettant en scène sa compétence et commentant son action avec des mots simples. Giscard, bête de télévision et jouant les animateurs télé de sa campagne présidentielle 74, en toute décontraction.

Macron est de la même veine, qui peut se laisser aller à endurer les caprices de Cyrille Eldin, sans en sortir médiatiquement estropié, comme les autres politiques qui subissent sans broncher les brimades télévisuelles de l’amuseur de Canal. Là où confronté à Eldin, Manuel Valls se montre un peu coincé et rigide, Macron sait la jouer cool et tranquille, sans se départir de cette forme d’élégance distante qui caractérisait aussi Giscard.

Le changement dans la continuité Il faut se souvenir que Giscard remporta la présidentielle 1974 dans une France fatiguée des pompes du Gaullo-pompidolisme. Une France qui se méfiait d’une gauche encore dominée par le Parti communiste de Georges Marchais et considérait que Mitterrand incarnait encore un passé dépassé.

Comme en ce début 2016, la France était fatiguée de ceux qu’elle avait vu se succéder au pouvoir durant les dernières années de la IVe et les premières de la Ve.

Les Français voulaient du neuf, mais du neuf rassurant. De la réforme, mais de la réforme raisonnable. Du changement, mais du changement dans la continuité.

Il faut voir et revoir le film que Raymond Depardon consacra à cette campagne présidentielle unique en son genre. Giscard s’empara du pays en 1974 à la tête d’une petite bande de dandies dévoués corps et âme à sa cause, en toute décontraction. Entre le vieux monde compassé des gaullistes et l’ancien monde inquiétant de l’union de la gauche, il était la garantie de la modernité et de la compétence, l’incarnation de la nécessaire synthèse entre le pragmatisme et la réforme, la conservation et le mouvement.

La conquête de l’Elysée par Giscard coulait de source, et le courant qui le portait paraissait irrésistible. Le costume clair. La 504. Le peigne. Les affiches électorales, placardées 4/3 où il posait en compagnie de sa fille. Giscard était la promesse d’un changement d’air autant que d’ère. Giscard, c’était la politique de la télévision couleur, qui commençait à s’installer dans les foyers français.

En 2016, dans une version de gauche, sociale et démocrate, Emmanuel Macron apparaît jouer le même rôle que celui de Giscard en son temps. Ou remplir la même fonction. Face à une droite peuplée de candidats usés, vieillis et fatigués, qu’ils aient eu leur chance (Sarkozy) ou qu’ils l’aient laissé passer (Juppé), face à une gauche en crise d’identité et de projet, Emmanuel Macron incarne cette alliance de modernité et compétence, pragmatisme et réforme, qui correspond à l’époque.

D’où ces sondages de popularité exceptionnels où on le voit rivaliser avec des candidats à l’Elysée vus, revus et pas corrigés.

Comparaison n’est pas raison diront les sceptiques. La France de 1974 n’est pas celle de 2016. La crise n’est plus seulement économique et sociale, mais culturelle et identitaire.

Macron ne se comporte pas toujours en fin stratège politique électoral avec ses déclarations provocations. Tout cela est vrai. De même que l’on ajoutera qu’il est une autre différence.

Giscard était le produit d’une époque où le temps long était plus lent. Pour devenir présidentiable, il lui avait fallu près de vingt ans de vie publique.

Macron, lui, est devenu présidentiable en moins de deux ans. Et sans passer par le cursus honorum électoral traditionnel, qui mène de la mairie à la députation, de la députation au maroquin. Et sans que sa popularité souffre de ses prétendues bourdes diagnostiquées par le milieu politico-médiatique.

C’est donc bien le signe qu’il est porteur de quelque chose en adéquation avec l’époque.

Macron est un accélérateur de particules historiques cent fois plus puissant que ne le fut le Giscard des années 70.

La révolution médiatique et numérique, le quinquennat, l’institutionnalisation des Primaires, autant d’éléments, parmi d’autres, qui bouleversent les vieilles règles du jeu de la vie politique.

Nous entrons dans une ère où un inconnu entrant au gouvernement à la mi-2014 devient un présidentiable sérieux dès le début de l’année 2016.

Au-delà de ce que sera son destin personnel, le phénomène Macron, objet politique, sonne le glas du temps des Guépards à la française en politique.

Désormais, pour que tout change, il faudra vraiment changer. Et vite."

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commentaires

N
Je n'accorde pas plus de crédibilité à vos propos , qu'à la revue challenges, pif gadget , ou points de vue image du monde. <br /> <br /> Seul ce que nous constatons est une réalité,<br /> <br /> Ce constat est un ÉCHEC.<br /> <br /> Pire encore que de n'avoir rien fait, est d'avoir fait, pour alimenter tant de croyances,
Répondre
N
Franchement, c'est quelqu'un de brillant et il apporte quelque chose de nouveau.<br /> Apres, penser qu'il pourrait en avoir quelque chose à faire du sort des diplomés notaires, c'est mal connaître les politiques. <br /> Quant à le voir un jour president, la route est longue pour un politique qui n'a encore jamais encore fait une seule election, qui n'a aucune appui dans son parti (le jeu politique en France, c'est d'abord contrôler le parti avant de contrôler le pays)<br /> Er puis, c'est à son honneur, mais il est encore trop sincère et honnete quand on le compare aux Chirac, Sarko ou Hollande, qui étaient ou sont des pures politiques, sans une once de conviction personnelle.
Répondre
N
Pour une fois, je suis d'accord avec Notaire.<br /> <br /> E.M a a été porteur de croyances et d'espérances mais il n'est pas capable de faire appliquer la loi qu'il a élaboré, ce qui est un grand échec.<br /> <br /> De plus, ce qui est inhumain, il joue avec de nombreuses vies professionnelles qui vont être réduites à néant !<br /> Je n'ai plus confiance...
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A
délais :<br /> suite :<br /> Et il vaut mieux oublier "l'indemnisation des notaires", qui n'est qu'une chimère.
A
Délais :<br /> On peur avoir une autre vision : l'objet de la réforme Macron est de.mettre les services juridiques en conformité avec l'évolution sociale, technologique, économique, et le nouvel environnement qui en résulte.<br /> Le notariat ne pouvait pas rester à l'écart de ces grandes mutations, sous peine de disparaître purement et simplement à court terme.<br /> On comprend bien que certains soient nostalgiques, mais le monde a changé, et l'accélération de l'Histoire est une réalité incontestable.<br /> En bref, les notaires français n'ont que le choix de s'adapter ... ou de disparaître.
D
Cher Notada , vous n'avez vraiment rien compris….EM vous a instrumentalisé pour anéantir le notariat ( et vous jeunes ou moins jeunes DN , avec!!!) , l' interprofessionnalité est l'arrêt de mort du notariat, qui a été "vendu" aux gros cabinets anglo-saxons et aux multinationales … allez creuser du côté du traité sur le commerce et les services.. tout ce qui a été orchestré par EM n'a qu'un seul et unique but, servir la finance sans indemniser les notaires.
A
Banquier :<br /> Pourquoi persistez-vous à évoquer des formules qui ont été abandonnées (le concours par exemple) ?<br /> Il faut maintenant passer à l'étape suivante : les mesures d'application de la loi Macron.
B
+1. J'étais un fervent partisan de cette loi. Là, ce n'est pas cohérent. Des solutions plus simples existaient. Exemple :<br /> - appel d'offre obligatoire lorsque cession,<br /> - augmentation du nombre de création et modification du système de concours<br /> - contrôle systématique lors de cession : nombre de notaire minimum obligatoire selon chiffre d'affaires. <br /> Ces choses auraient pu être mises en place immédiatement et les effets auraient été bénéfiques sur du long terme. Là, on veut faire énormément de création immédiatement, quitte à mettre en péril des études de périphérie. Même si on n'apprécie pas les méthodes de certains, ils gèrent des fonds clients, ont des engagements lourds et doivent assurer un service public. Il faut faire attention à cela !
N
Bernard,<br /> <br /> Vous donnez à votre jeune ministre l'importance qu il n'a aujourd'hui pas et qu il n'aura pas plus demain.<br /> <br /> Certes pouvez vous lui reconnaître qu il a été porteur de croyances et d'espérances . <br /> <br /> Force est de constater, qu'avec le recul, il s'agissait, une nouvelle fois de mentir.
Répondre
A
Notaire :<br /> Vous observerez deux points :<br /> . La revue Challenges est très sérieuse. C'est une référence dans la presse économique,<br /> . Je ne suis pas l'auteur de ce texte qui constitue une analyse très pertinente.